La Ligne
La Ligne. De ce fil conducteur, elle est la directrice et nous emmène partout où se pose le regard. Saint-Malo, Giverny, Birmanie, loin d’ici… il la dessine aujourd’hui, en passant et à jamais dans ses moindres expressions, chacun de ses mouvements, de ports en ports et de toutes parts. La ligne vibre et tremble au cri des chiens, au son des alouettes, danse trois temps de valse sur un air de tango ; elle chante la vie, interprète Tchaïkovski, joue aussi bien Mozart que Hamlet ou la comédie.
Elle vole et virevolte avec l’indolent compagnon de voyage et tous les matelots du ciel et de la mer. Elle s’arrête le temps d’un café, d’un songe d’une nuit d’été, cueille les fleurs de la charmille et monte les escaliers. Elle dessine les forêts, les lacs et les rivières, chevauche à pleine allure les landes fantastiques, sillonne chaque petite route ou bocage angevin. Elle trace nos chemins à coup de petits cailloux, de choux ou de genoux jusque dans nos abîmes et toutes nos profondeurs.
C’est tellement plus facile d’acheter en elle que d’être dans celle de mire… Quelle est la tienne ? De quelle lignée es-tu ? Celle de ta main, celle de demain ? Une seule ligne suffit souvent pour dire l’essentiel, dessiner un sourire. Restons en elle pour ne pas la froisser.
On la garde par élégance mais on ne sait laquelle prendre pour aller plus vite. Si vivante… Elle chante et respire comme le petit enfant qu’on laisse venir à Lui. Elle est ivre d’amour devant ses créatures naissantes, elle les prend dans ses bras et d’une caresse incandescente leur donne tout leur éclat, toute leur vie. Elle capte le regard dans tous nos horizons dans une fuite effrénée entre le ciel et la terre. Elle sépare la lumière et les ténèbres et les relie d’une telle bienveillance que chaque part unique ne prend sens qu’avec l’autre.
À forme et à contre-forme, elle sait où elle va mais ne le sait pas. Elle se courbe devant les montagnes et devient ma colline. Elle te dessine sans cesse et chaque autre merveille avec une telle justesse que tu deviens toi-même. Elle écrit alors dans un éclat de vérité toute la splendeur de la création. Le grand peintre trouve cela très bon.
Attention, dernière ligne droite mais pas de point final puisqu’une fois dessiné il devient ligne continue dans son éternité. Cette ligne lumineuse ou bleue ou verte d’Espérance, on ne peut s’en saisir sans se fondre en elle, sans lui appartenir. Feu sacré, souffle glorieux, elle est hymne à la vie et ode à la joie, comme la main qui nous porte, nous guide et nous envole !